J'ai déjà donné des informations détaillées concernant la fabrication des cartouches-papier et les diverses méthodes de chargement d'un revolver dans mon deuxième article (Historique : les revolvers à PN, ca.44, à carcasse fermée) ; je ne reprends donc pas ces informations dans l'article qui suit, je les résume et je me consacre principalement à la fabrication des balles et au chargement (le dosage de la poudre)
1 - L'aspect artisanal du tir à la poudre noire : de la fonte du plomb à la fabrication des balles
Cet
article aborde des aspects plus artisanaux du tir
à la poudre noire: notamment la fabrication des balles qui est une étape
nécessaire de cette activité.
Un
"poudreux" qui ne fabrique pas ses balles est rare, car le choix des armes à
poudre noire est fondamentalement un choix qui implique un sens du bricolage, du
système D, un sens du "fait main", de l'outil qu'on travaille soi-même,
privilégiant un rapport direct avec la matière, plutôt que l'usage d'une arme
préfabriquée qu'on se contente de nettoyer et qui garantit une fiabilité
certaine.
La poudre
noire c'est un art de vivre qui admet l'imprévu, qui pousse à l'autosuffisance,
comme les pionniers qui s'en servaient avec les moyens du bord. Évidemment
toute généralisation est abusive ! Je dirai presque que le défi de la poudre
noire est de transformer l'imprévisible en un événement prévisible, une recette
qui nécessite de bien connaître son arme et de travailler sur ses résultats. Je
vous invite à lire un article exemplaire consacré à Yvon Martinant, tireur de
haut niveau, qui conforte cette idée: "Le tir n’est qu’une finalité dans ma
discipline, toute la préparation qui précède est autant, voire plus importante.
Elle détermine l’exactitude du tir."
Fabriquer
des balles de plomb, sans atteindre le niveau d'exigence de ce tireur, est une
industrie aisée si l'on se procure le matériel : il faut d'abord acheter du
plomb de tuyauterie ou en provenance de toitures, qu'on trouvera facilement
chez un ferrailleur. Il doit être parfaitement sec, car l'eau au moment de la
fonte provoquera des projections. Il faut également éviter tout risque de
projection d'eau pendant la chauffe du plomb. Le plomb est alors coupé en
morceaux de taille raisonnable et ajouté au fur et à mesure dans la
cocotte.
Si on
utilise du plomb pur de tuyauterie ou de toiture, le résultat sera parfait pour
la PN, si on récupère toutes sortes de sous-produits du plomb (des balles
contenant des alliages, des lests de roues de voiture, etc) on obtiendra un
plomb impur et dur qui n'est pas adapté au tir courant à la poudre noire, car
c'est le plomb pur qui lui convient pour sa qualité "molle". Le plomb en
provenance d'anciennes batteries de voiture est à éviter.
La fonte du plomb et la fabrication des lingots
Il faut
disposer d'un espace en plein air, abrité du vent pour maintenir le feu
constant du réchaud à gaz, mais ce local doit être suffisamment aéré pour que
les vapeurs toxiques du plomb s'évacuent: c'est très important. Le mieux est
de travailler en plein air. Les vapeurs de plomb sont extrêmement dangereuses
pour la santé et une inhalation provoque au moins des maux de tête, mais les
conséquences postérieures sont plus sérieuses. L'idéal est de disposer d'un
masque avec un tube assurant la ventilation. Je me sers d'un appareil à
ventiler et d'un masque lorsque je travaille. Je pense qu'on peut utiliser la
soufflerie d'un petit aspirateur spécialement réservé à cet usage. C'est
recommandé.
Il faut se
procurer une cocotte en inox ou en fonte d'acier que l'on mettra sur un support
renforcé, sous lequel on placera un réchaud à gaz de camping, en veillant à
ce que la cocotte ne se se renverse pas. Il faut donc une structure métallique
très stable et résistante qui supportera celle-ci (dont le poids chargé en
plomb est conséquent) .
Sur la
photo, la cocotte en fonte (trouvée chez un brocanteur dans les Vosges) dispose
d'un resserrement à la base, ce qui fait que je peux la bloquer par son poids
dans un cadre métallique renforcé, aux dimensions exactes de la cocotte et dans
lequel je la coince. Ce cadre est formé par des barres perpendiculaires en fer,
de section carrée (2 cm), soudées entre elles pour assurer la rigidité de ce
châssis porteur. Il repose sur des agglos et doit être très stable. Ce qui fait
que la cocotte ne peut pas se renverser. J'évite systématiquement de
transporter du plomb en fusion dans la cocotte, ce qui m'oblige à transvaser le
métal fondu à la louche, opération qui doit être menée de façon énergique car le
plomb durcit aussitôt versé dans les moules. La lingotière est placée à
proximité du réchaud, à portée de main. Si on peut passer un coup de chalumeau
pour la chauffer un peu avant de verser le plomb, les lingots de plomb seront
plus homogènes. Mes lingots présentent toujours des stries en fonction de
l'arrivée des louches, mais c'est insignifiant. Un gant de protection est
nécessaire, ainsi que des chaussures épaisses et un pantalon long pour se
protéger des projections de plomb pendant les manipulations. Le mètre n'a rien à
voir avec ces opérations, mais il sert à donner une idée des dimensions des
objets. Par contre le briquet est nécessaire pour allumer l'ancien réchaud rond en acier destinés dans le passé à chauffer des
lessiveuses que j'alimente par une bouteille de butane.
Le
plomb chauffé va fondre rapidement et à l'aide d'une louche (en laiton ou en
acier) on écume les scories qui montent à la surface jusqu'à nettoyer la
totalité de la surface du plomb. On tourne alors le plomb fondu à l'aide d'un
fer plat long pour faire bien remonter les impuretés au dessus, on évacue
celles-ci avec une grande cuillère en acier. Mais au fur et à mesure de la
chauffe, une peau et des croûtes sèches se reforment à la surface qu'on évacue à
nouveau. On nettoie aussi les bords de la cocotte car des résidus verdâtres se
collent. Lorsque le plomb bleuit, devient pourpre, jaune et vert, c'est qu'il
est trop chaud (il faut alors réduire le feu), la température de fonte du plomb
est de 327°C. Quand le métal fondu été bien débarrassé des principaux corps
étrangers qui flottent à la surface (des douilles de plomb par exemple, quand on
ramasse un peu de plomb sous les cibles, des saletés, les dépôts calcaires dans
les tubes, etc), quand il est devenu propre, on passe au fluxage.
Le fluxage et la lingotière
Pour bien
nettoyer le plomb, il faut jeter dans la cocotte un bon carré de paraffine qui
va s'enflammer spontanément et provoquer des fumées noires. La cire mélangée au
plomb favorise la remontée des impuretés. On tourne alors jusqu'à la fin de la
combustion. Cette opération s'appelle "fluxer" le plomb. Quelle quantité de
paraffine? Un morceau de 3cm sur 3, ou plus, ce n'est pas un problème. Le
fluxing est inoffensif. Il peut donc être renouvelé autant de fois que
nécessaire.
Quand
le plomb liquide est bien propre, avec une belle couleur métallique, on le verse
dans des moules à lingots (des lingotières) avec une large louche (c'est
l'opération la plus dangereuse, car il ne faut pas renverser le plomb qui
éclabousserait et provoquerait des brûlures graves). Il est possible de se
fabriquer une lingotière avec des cornières d'acier (largeur 5 à 6 cm)
tronçonnées à la longueur de 15 cm environ, que l'on assemble avec des barres
plates de même largeur, mais dont la longueur varie en fonction du nombre de
lingots à couler (voir photos). Les différents morceaux de cornière doivent
avoir impérativement la même largeur au mm près, ce
qui fait que la barre aura été coupée par un serrurier professionnel. Si ces
éléments, qui vont servir à cloisonner l'ensemble du moule, varient de quelques
millimètres, laissant des intervalles, des jours, le plomb liquide va s'échapper
par ceux-ci: les lingots seront alors défectueux.
Une fois
les pièces du moule collées les unes contre les autres, bien mises en place,
elles sont bloquées latéralement entre les 2 barres plates en acier, dont
la longueur dépend de l'assemblage prévu (je prévois 5 moules). L'ensemble est
rigidifié à l'aide de 2 serre-joints. La
lingotière ne tiendra bien que si les cloisons sont exactement de la même
longueur. Elle est mise est en place, au sol, sur une surface plate (pour que
la lingotière ne se déforme pas) et résistante à la chaleur (cela peut être un
carré de contre plaqué épais). On pourrait améliorer le dispositif en le bloquant
dans un châssis en bois. Le plomb est alors coulé dans les compartiments
formés par les cornières qui servent de cloisons; il va durcir rapidement (avec
quelques petites bavures). Dès qu'il est figé, on peut "casser le moule" et
faire glisser les éléments sur un sol béton qui se trouve sous la plaque, pour
accélérer le refroidissement. Si on a un sol en béton est parfaitement plat, on
peut travailler directement dessus. Les lingots refroidis sont conservés en
attente du jour du moulage des balles.
Pour en
savoir plus je vous invite à consulter ce site :
Le moulage des balles
Cette
seconde opération se fait toujours en plein air de préférence. Le plomb
conservé sous forme de lingots va être à nouveau fondu dans un four électrique
(j'utilise un four LEE très courant) et on va couler des balles dans des moules LEE
à deux cavités. Avoir plus de cavités ne semble pas adapté à type de travail
très artisanal. Voici mon installation :
Comme vous
le constatez, j'ai bloqué la base du four LEE sur un établi, car cette base est
trop légère par rapport à la cuve qui est portée par des tiges d'acier. Sous la cuve, on
voit l'appui sur lequel on fait reposer les moules au cours des coulées. Règle
prioritaire dans cette nouvelle étape où je vais travailler quasiment tout
près du four, j'utilise un appareil respiratoire doté d'un masque - précaution
indispensable - pour ne pas respirer les vapeurs de plomb. Mon matériel est
sobre : un planchette en bois assez large sur laquelle je frappe raisonnablement
le moule pour faire tomber les deux balles et sous laquelle je place un gros
chiffon épais dans lequel mes balles très chaudes vont rouler et se refroidir
(j'utilise une serpillière neuve en coton réservée à cet usage). J'ai encore un
petit morceau de bois pour frapper le moule lui-même quand une balle reste
collée. J'utilise un pince courante, un tournevis pour resserrer la cisaille
qu'on trouve sur chaque moule, si nécessaire, et enfin une petite pince quand
des morceaux de plomb restent collés dans le moule: bref du petit outillage. On
élimine les balles qui présentent des défauts: elles retournent dans le four au
fur et à mesure. Couler 300 balles me prend environ 2 heures à 2 heures et
demie. Je dispose actuellement de 5 moules LEE pour couler des balles rondes et
ogivales en calibre 44 et 45, d'usage courant. Ce n'est pas de la haute
technologie car les moules de très bonne qualité sont des LYMAN... mais le prix
du moule n'est pas le même.
Une bougie
est nécessaire pour préparer chaque moule avant utilisation: on couvre les 2
cavités (rondes ou ogivales) du moule avec du noir de fumée pour éviter que le
plomb n'attache sur l'aluminium.
Le réglage
de la vis de coulée du four est une opération pour laquelle seule l'expérience
aide ... Il faut que le plomb cesse de couler quand on abaisse la petite
poignée en bois. Il faut trouver la bonne hauteur de réglage et la conserver.
L'orifice de coulée est à la base de la cuve; c'est en principe du plomb propre
qui descend dans le petit tube. Il faut donc éviter de vider complètement le
four, au risque que des impuretés ne bouchent cet orifice. Il faut surtout
bien faire remonter celles-ci à la surface en cours de chauffe du plomb. Si le
tube d'écoulement du four se bouche, je suppose qu'il faut le vider, le
retourner à chaud et introduire une petite tige métallique dans l'orifice très
chaud pour le déboucher.
Comment
placer le moule sur l'appui fixé sur une tige d'acier qui soutient le four (voir
sur la photo) ? C'est toute la difficulté si on ne veut pas rater le filet de
plomb en fusion qui coule quand on la soulève la petite poignée en bois. Par
expérience je recommande de mettre un repère sur le côté du moule pour le placer
exactement en appui au bon endroit du support, afin que le jet de plomb tombe
avec précision dans le 1er orifice biseauté de la cisaille et descende dans le
moule, puis déborde, ce qui est nécessaire. Après la 1ère coulée, on fait faire
glisser le moule sur l'appui pour que le jet tombe de la même façon au milieu
du 2ème trou, toujours avec un débordement, sans quoi la balle sera peut-être
mal formée. Après 2 à 3 heures de pratique, on sait placer le moule. Plus le
plomb coule droit dans l'orifice, plus les balles sont belles ! Plus le moule
est chaud, plus le plomb reste liquide à l'intérieur et prend bien la forme, ce
qui évite les déformations de balles. A contrario, un moule froid fige le plomb
qui descend mal dans la cavité et entrave la bonne coulée des balles. Mais un
moule trop chaud est à éviter aussi. Il faut changer de moule en cours de
travail. Il est également recommandé de se laver les mains après chaque
manipulation du plomb.
2/ La fabrication des cartouches et le chargement
Ce qui est
utile pour un débutant, c'est de trouver des sites complets qui donnent des
informations sur les méthodes de chargement des revolvers à poudre noire: je
n'ai pas l'intention de faire mieux ou de refaire ce que d'autres ont déjà fait,
c'est pourquoi je donnerai quelques adresses de sites qui sont des modèles
d'information. Je conseille vivement aux poudreux qui sont en quête d'une
information de qualité de les consulter:
- Le site "poudre noire " : http://poudrenoire.masta.fr/index0.html
- Le site "La pétoire" : http://lapetoire.free.fr/pages/trucs_astuces.htm
- Le site" Freelancers": http://armes-historiques.pagesperso-orange.fr/index.html
Sur cette
coupe d'un barillet, on voit 2 chambres, contenant en bas (noir) la poudre, puis
vient la semoule (jaune) qui sert de bourre, puis la balle et enfin la graisse
(orange). En bas au niveau des flèches, se trouvent des cheminées démontables
(à nettoyer après chaque tir) sur lesquelles on place des amorces. Il est
impératif pour la sécurité que la balle soit compressée dans la chambre où se
fait la combustion de la poudre noire, car il ne doit y avoir aucun vide entre
la poudre et la balle, ce qui provoquerait une explosion du barillet au lieu de
propulser la balle. C'est pourquoi la bourre (semoule fine ou feutre vendu en
armurerie) remplit l'espace creux dans la chambre et la balle doit être bien
poussée à fond, précaution très importante qui nécessite d'utiliser un levier
(toute arme à poudre noire comportant un barillet en possède un).
Lorsque
l'amorce explose, elle allume la poudre et la balle est non seulement
propulsée dans le canon, mais légèrement gonflée sous l'effet de l'explosion :
elle vient alors se mouler dans les rainures (cannelures) du canon, car le plomb
est mou. Il est alors important que les gaz de combustion ne s'échappent pas
d'une façon excessive au niveau de l'entrefer et surtout dans le canon, en
raison d'un diamètre insuffisant de la balle (ronde ou ogivale). Si elle ne
va pas en fond de rainure et laisse des jours, la balle perd en puissance et
provoque des "flys" (balle qui perd sa trajectoire). Concernant les charges de
semoule, il faut que celles-ci (on notera pour chaque arme et chaque type de
balle la bonne mesure) amène la balle à fleur de la sortie de chambre (2mm),
laissant juste de quoi mettre la graisse qui joue un rôle très important,
surtout à fortes charges.
Quelles charges de poudre? Un domaine un peu nébuleux !
Lorsqu'on achète une revolver neuf, la ou les charges de poudre noire recommandée(s) pour son utilisation sont indiquées dans la documentation qui devrait accompagner l'arme.
Pietta fournit une brochure de belle qualité et très complète que je trouve dans la boîte du Starr. Il est donc important de vérifier cette documentation. Je note : calibre .44 = balles 454, 11,55mm ronde, entre 12 et 15 grains maximum (ou entre 0,8 et 1gr maximum) de poudre FFFG (recommandée pour les revolvers à calibre .44). C'est un repère très général, mais qui n'indique pas les quantités pour l'utilisation des ogives (Rem 1858). Bien entendu, ne jamais mettre de PSF dans une arme à PN, qui ne le supporterait pas et exposerait le tireur à un accident. Quand on débute, il faut respecter cette indication générale.
Uberti nettement plus pingre, fournit ses indications sur un papier type journal! Il donne une indication plus détaillée qui comporte une charge "standard" et une charge maximale (en précisant : à n'utiliser que pour la chasse). Le "grain" est une unité de mesure anglo-saxone, utilisée notamment aux Etats-Unis. la conversion entre grains et grammes se fait de la façon suivante :
- 1 grain = 0,0648 gramme.
- 1 gramme = 15,43 grains.
Il apparaît que la charge pour une balle ogivale est moindre, car la puissance est mieux récupérée (du fait de la base plate) : donc économie de poudre ! Au contraire une balle ronde perd en puissance. En calibre .44 les charges recommandées sont les suivantes
- 19grains = 1,23gr (balle ogivale 454-457)
- 22grains = 1,42gr (balle ronde 454-457)
Par conséquent, les charges indiquées par Uberti concernant le Remington 1858 avec des balles de 454 et 457, sont plus fortes que celles indiquées par Pietta pour un Starr cal .44.
Les indications données sur les sites, concernant les charges de poudre
(équivalentes pour la PNF et la PN suisse), restent souvent générales,
approximatives, voire incertaines, car elles indiquent des normes de chargement
qui restent à personnaliser et à affiner sur le pas de tir. D'autre part, le
choix des calibres de balles varie d'un tireur à l'autre, du moins pour
certaines armes: les uns préférant les balles rondes pour la précision, les
autres les ogives qui séduisent par leur similude avec les armes contemporaines.
Tout le monde
s'accorde à dire que le Remington 1858 tire des balles de cal 454, mais quand
on passe au Walker, on va trouver des différences importantes, selon la marque
et selon qu'on veut obtenir de la précision ou faire "tomber le cheval" !
Souvent l'information donnée pour une balle et le chargement en rapport, ne
tient pas compte de cette diversité d'usage et se limite à distinguer l'usage
courant, la charge de guerre et éventuellement la charge maximale. Il faut donc
savoir quelle balles conviennent à telle arme et quelles charges leur sont
nécessaires? Par exemple, je trouve sur différents sites, cette indication
succincte : "pour le .44" :
- Charge de poudre standard: 0,8 à 1 gramme
- Charge de guerre : 1,4g
- Charge maximale : 2 ,2 grammes
Autre indication : j'emprunte au site "Poudre noire" ces quelques données qui, bien que très documentées, n'en sont pas moins nébuleuses sur la question de la charge: il indique de charges "maximales" et non de charges courantes, ce qui est loin de me satisfaire: qu'en est-il de la charge courante? Quels changements dans la balistique produisent ces variations entre charges courantes et maximales?
Revolver de
calibre .44" (réplique de Colt Army 1860):
- Balle ronde de 141 grains (9,1 g), diamètre .454":
- charge max 35 grains (2,2 g)
- vitesse: 285 m/s
- énergie: 370 joules
- quantité de mouvement 2,6 kg.m/s
- pénétration totale 50 cm
- diamètre final 12,2 mm
-Balle ogivale de 200 grains (13,0 g), diamètre .454":
- charge max 25 grains (1,6 g)
- vitesse: 221 m/s
- énergie: 317 joules
- quantité de mouvement 2,9 kg.m/s
- pénétration totale 61 cm
- diamètre final 11,4 mm
N'existe-il
pas un tableau de chargement qui permette d'avoir d'emblée une indication de
base de la bonne charge, avec les balles recommandées, concernant une arme
donnée? On peut aussi se référer aux indications fournies par les fabricants.
Voici encore les calibres recommandés par d'Uberti en cal .44, mais qui sont spécifiques à ses armes :
- Uberti Colt Walker en calibre .44, balles de .457 diamètre de balle donnée en millième de 1 inch, soit 11.60 millimètres (1 inch = 2,54 centimètres) : c'est une dimension qui m'étonne, car mes propres mesures sur mon Walker m'orienteraient vers du 454, au plus, ce qui veut dire qu'Uberti propose de sertir fortement la balle: je préconise de faire des essais. Une balle qu'il faut forcer est certainement endommagée. La pression pour entrer la balle dans la chambre a 2 buts: augmenter la montée en pression et empêcher la balle de sortir lors des tirs.
- Uberti Colt Dragoon en calibre .44, balles de .457
- Uberti Colt 1860 Army, balles de .454 .
Ces indications ne sont pas pratiquées par tous les
tireurs, notamment pour le Walker. On apprend vite que la charge doit être
adaptée pour chaque type de balle, mais aussi "pour chaque arme" qui présente
toujours des particularités. Le comportement des tireurs intervient également dans l'usage d'une arme : certains
tireurs considèrent qu'une arme crée des "sensations" lorsqu'on pousse un peu la
charge, et comme les aciers sont meilleurs aujourd'hui que ceux d'origine, ils
pensent qu'il est sans dommage pour l'arme de tirer à fortes charges. D'autres recherchent la précision et l'économie de poudre. Ils cherchent
surtout à préserver leur sécurité et la "santé" de leur arme (ce sont notamment
les axes qui souffrent des surcharges). Entre sensation et précision, le choix
est à faire. D'autres ont leurs propres critères (les tireurs qui concourent vise la précision et non la puissance). Devons nous en conclure à
l'impossibilité d'établir certaines normes ?
parcourons les messages qui sont publiés sur le
net, travail de recherche un peu laborieux, mais instructif. Pour y voir clair
dans cette nébuleuse, je choisis le Remington 1858, arme qui est considérée
comme étant d'un usage assez standard. Je me suis alors livré à une petite
recherche sur le net, en prenant des messages qui indiquent quelle charge de
poudre noire utilisent les tireurs de 1858 et avec quelle balle, ronde ou
ogivale ? Je n'ai pris que des messages qui montrent que le tireur pratique
lui-même le tir avec ce revolver et j'en ai relevé 17. Voici le résultat : j'ai
séparé les cal 454 des autres que j'ai rassemblés dans une seule catégorie
(450 -451 ou 457 )
Bien sûr,
ce n'est pas un échantillon représentatif compte tenu de sa taille réduite, mais
il indique le degré de "bricolage" ou de diversité dans lequel fonctionne le tir
à la PN. Le débutant va avoir du mal à s'y retrouver. Grosso modo, pour le
tir au Rem. 1858, il est admis qu'une balle ronde de 454 et une charge de PN de
1gr conviennent si on veut obtenir une précision et groupement corrects, mais
je suis prêt à entendre des avis plus éclairés que le mien.
Les facteurs qui interviennent dans un tir à la PN
On se dit "ça y est je connais le mode d'emploi de mon flingue"! Mais très vite le doute va s'installer, car d'autres tireurs, certainement expérimentés, utilisent d'autres dosages. En fait certains tireurs avancent que c'est l'arme qui par ses défauts ou ses particularités impose au tireur ses variables. C'est donc la partie la plus nébuleuse du tir à la poudre noire; il faut dire que la réussite d'un tir avec une arme à PN dépend de nombreux facteurs:
- de la charge de la poudre et de sa qualité (PNF ou PN suisse, il y une différence ?)
- de l'allumage instantané ou non de la poudre (qui fait intervenir l'amorce et le papier de la cartouche, si on utilise des cartouche-papier);
- de la bourre (semoule ou autre) qui non seulement évite de laisser des vides dans les chambres, mais nettoie le canon, ce qui permet de garder la précision;
- de la manière dont la balle est sertie dans la chambre, donc du fonctionnement du levier de chargement qui pourrait introduire une balle ogivale avec un léger biais;
- du graissage (de sa composition) et de l'encrassement du canon;
- de l'état des rainures et du "pas" du canon: rapide ou lent?
- de l'alignement des chambres et du canon et du rapport entre le diamètre de la balle et celui du canon;
- de l'entre fer, qui doit être raisonnable, et du jeu normal du barillet ...
- Sans parler de la sensibilité de la détente (qu'on adapte), et de la pratique de l'arme par le tireur, indépendamment de ses aptitudes... et du vent.
- Il reste la question de la visée (sujet essentiel que j'aborderai), de l'état de l'arme, qu'elle soit d'occasion (si elle a été maltraitée ou non... ) ou qu'elle soit neuve (car il existe des différences de finition et de qualité entre les marques). De quoi être pour le moins découragé!
Le chargement classique du révolver à PN
Tout
ce qui concerne les techniques de chargement a déjà été suffisamment développé
sur les sites évoqués, aussi vais-je simplement en faire une synthèse et
montrer qu'il existe des méthodes parfois plus simples. Je rappelle que dans une
chambre de barillet la balle vient après les différents composants et qu'elle
doit entrer en force (on sertit la balle ) : on utilise pour cela le levier de
chargement quand on fait le chargement directement sur l'arme. Certains tireurs
très exigeants concernant le chargement préconisent des équipements pointus:
un levier
de chargement "réglable" n'est pas facile à trouver et son coût
est sans doute onéreux.
2 outils
très importants : la poire à poudre noire qui dispose de plusieurs embouts en
laiton, ayant des volume précis) et pour la semoule, j'utilise ce que font tous
les tireurs, une douille de 9mm (raccourcie ou non) et une autre de cal 32,
soudées sur un tube de cuivre de 6mm.
On trouvera
de nombreuses vidéos sur internet qui montrent comment fabriquer une
cartouche-papier . En voici une.
Je
recommande le positionnement oblique du papier à cigarette car il permet
d'allonger la cartouche. Par contre je déconseille de sortir le mandrin avant
d'avoir rempli le cornet: on verse la poudre et la semoule dans le mandrin (ou
le stylo) qui est creux, ce qui permet de ne pas déformer la cartouche avant de
l'avoir bien garnie. Personnellement je ne mets pas non plus les balles dans la
cartouche, pour ne pas risquer de la déchirer et c'est tellement facile de
rajouter la balle, sur le pas de tir, une fois la cartouche insérée dans la
chambre.
H&C
vend ce mandrin en laiton pour faire des cartouches en papier combustible.
Cependant il suffit d'un corps de stylo de 7cm, avec un léger
évasement. Le plastique permet de faire glisser facilement le
cornet de papier sur le mandrin grâce à cet évasement, ce qui est nécessaire
pour le sortir.
Le papier à
cigarette ne pose aucun problème d'allumage de la cartouche, si on la fabrique
avec soin en évitant de faire une masse de papier roulée à la base. Comme
indiqué sur la vidéo, à la pointe de la feuille à cigarette, là où aura lieu
l'allumage, les bords sont d'abord repliés vers l'axe pour former un "bonnet"
long que l'on encolle avec un stick de colle blanche et que l'on rabat sur le
côté de la cartouche. Pour la fermeture de la partie haute de la cartouche
papier (sans balle), on "entortille" le papier qui est en excédant (comme une
queue) en l'enduisant préalablement de colle (toujours le stick) pour assurer
une bonne tenue de la fermeture. Lorsque la cartouche est brûlée, il reste de
petits résidus de papier qu'on peut extraire en soufflant dans la chambre avec
un petit tube quelconque. Les dimensions des feuilles à cigarettes ne permettent
pas de mettre la balle ronde dans la cartouche, car la feuille n'est pas assez
longue pour contenir la poudre, la semoule et une balle. Mais il est tellement
facile de mettre une balle dans la chambre, après y avoir introduit la
cartouche papier, que c'est se donner du mal pour rien que de vouloir faire une
cartouche complète. D'ailleurs à l'époque, les cartouches complètes étaient
déchirées par le fond et vidées dans la chambre; le papier servait alors de
bourre. Pour les revolvers en cal.44, les cartouches utilisant les feuilles à
cigarettes sont très bon marché et faciles à réaliser soi-même.
Les cartouches en "papier nitré" (combustible)
On peut
faire des cartouches plus conformes à celles d'origine, avec du papier que l'on
va rendre combustible en l'immergeant dans une solution de salpêtre.
Prendre du papier assez fort (craft, ou de vielles enveloppes jaunes), le
tremper dans un litre d'eau avec deux cuillères de nitrate de potassium
(salpêtre) en vente chez certain pharmacien (ça peut se commander chez
tout pharmacien), à défaut de nitrate de potassium, deux cuillères de chlorate
de soude (désherbent total qui n'est plus en vente dans les magasins agricoles);
faire chauffer pendant 1 heure sans faire bouillir ( juste frémir). Il n'y a
aucun danger pour les deux produits. Extraire le papier et le faire sécher le
papier (recette de Jeff et son Compagnie) . Cette fois, la cartouche brûlera
entièrement. On peut placer la balle dans ce genre de cartouche plus rigide en
calculant la longueur de la pièce de papier, et la forme de sa découpe (en arc
de cercle) pour qu'elle vienne enserrer la base de la balle (les balles avec
rétreint sont alors plus adaptées) : on trouvera ce genre de balles en vente
sur le site Freelancers. Elles sont fabriquées pour différents types d'armes et
de calibres.
Autre
recette: (Tir longue distance): le nitrate de potassium se trouve chez un
pharmacien (j'ai dû le payer 3€ les 250grs). Tu le mélanges avec 40% d'eau tiède
par rapport à sa masse (40gr d'eau pour 100gr de poudre). Ensuite, on trempe
toute la cartouche durant 10 secondes dans la solution et on l'a pose en
suspend, balle vers le bas pour le séchage. Inutile de dire que cette opération
est très délicate car l'ensemble devient comme de la "guimauve". Une fois sec,
ça ne bouge plus . Au moment du chargement dans le barillet, ne pas oublier de
perforer le cul de la cartouche avec un trombone, sinon on aura quand même
quelques ratées. Cette recette suppose en effet un papier avec résistant à
l'eau pour que la poudre noire ne soit pas imprégnée et que la cartouche ne soit
pas déformée. Le mieux est de préparer séparément le papier (par feuilles pour
par bandes), dans un bain et de sécher les bandes qui seront ensuite
découpées.
Une autre
solution : le papier thermique des fax est
très combustible et ne laisse pas de résidus. Il permet de faire de bonnes
cartouches, en utilisant une colle combustible si nécessaire (H&C).
La préparation des barillets à domicile
L'autre
moyen de préparer ses barillets (3 pour chaque revolver), c'est de ne pas
utiliser de cartouches-papier du tout dès lors qu'on les charge à domicile,
avant d'aller sur le pas de tir. On garnit chaque barillet sur un levier de
chargement mobile (voir la photo), c'est nettement plus confortable. Mais
certains barillets ne s'adaptent pas au levier de chargement Pietta (sur la
photo) : différences de tailles et de hauteur, diamètres de leur axe trop
large ou trop étroit. Les Walkers ont bien sûr ce problème. J'utilise alors une
planche épaisse de 3cm environ dans laquelle j'ai fait des trous avec des mèches
à bois plates (de large diamètre) : on en trouve facilement dans le commerce.
Pour chaque barillet il suffit de trouver un diamètre de mèche qui lui
correspond. Le barillet est placé debout sur son trou, sa partie crantée se
place dans l'orifice et le stabilise. Pour sertir la balle j'utilise un
poussoir (j'ai fabriqué le mien avec une clé longue de 7 à douille emmanchée
dont l'extrémité à été creusée à la perceuse pour ne pas déformer les balles).
Elle est prévue pour l'usage du pistolet Patriot... Les poussoirs se vendent sur
tous les sites de vente en ligne. Sertir les balles dans les chambres ne doit
pas exiger une poussée énorme: je frappe simplement un coup sec sur le manche
de la clé pour cette opération. La massette de maçon en caoutchouc reste
exceptionnelle car la force du coup secoue les composants qui se mélangent.
Cependant je l'utilise pour le Walker. Il ne reste qu'à mettre la graisse (cire
d'abeille, paraffine et huile d'olive) pour obturer les chambres. Le revolver
est alors prêt pour la séance de tir.
Merci - vous etes formidable vraiment un grand merci
RépondreSupprimervos articles sont supers , merci!
RépondreSupprimerBonjour PSRauben
RépondreSupprimerPourriez-vous me donner la charge mini ou maxi de poudre hodgdon triple seven FFFG que je puisse mettre dans mon colt walker uberti.... Ma question va peut-être vous paraître saugrenue... Mais mon armurier n'ayant pas de pnf2 m'a vendu ce substitut de poudre us qui d'après lui convient au colt walker.. Je ne veux pas prendre de risque en rechargeant, je m'adresse donc à vous qui avez de l'expérience en matière d'armes à poudre noire
Merci et encore bravo pour votre blog et vos vidéos youtube
Franck. B
Bonsoir,
RépondreSupprimerMerci pour votre travail.
Cordialement
Jacky