2ème partie de l'article concernant l'historique :
2 - Les révolvers à poudre noire, cal .44, à carcasse fermée
Dans mon 1er article, j'ai souligné la continuité dans la conception des Colts, depuis les années 1947, jusqu'en 1857. Les brevets déposés par Colt lui garantissaient le monopole de la fabrication des revolvers à barillets jusqu’en 1857. Cette date ouvrit la voie à de nouvelles conceptions des revolvers.
Nous abordons dans ce 2ème article les revolvers à carcasse fermée, des armes de poing qui allaient faire concurrence aux Colts vus précédemment: avec des fabricants différents, c'est au contraire la diversité de leur conception qui les caractérise.
L’esthétique de ces nouvelles armes restait cependant marquée par des modèles antérieurs, comme le Pettingill qui lui-même conserve la courbure des pistolets mono coups. Je ne chercherai pas à faire un inventaire de tous les dérivés des modèles d’armes produits, car je me limiterai à donner les grandes lignes d’une évolution des revolvers les plus courants et leur fonctionnement. Je rappelle que mon but et d’initier à la PN dans l’optique d’une culture de base concernant les armes, le tir, l’entretien et les réparations.
Ce qui oriente cet article, c’est de montrer quelles différences de fonctionnement, de conception vont susciter une vraie concurrence entre les revolvers, pour autant, l'absence de concurrence dans la période antérieure avait permis à Colt de perfectionner son système jusqu'au modèle 1860, ce que la concurrence aurait peut-être entravé.
4 modèles courants vont apparaître et faire concurrence au Colts.
- le Remington 1858
- le Rogers & Spencer 1858
- le Spiller & Burr 1862 (non fait)
- le Starr double et simple action 1863
1/ Le Remington 1858 New Army, cal .44
Petit historique : 1857, l'ouverture à la concurrence !
La Guerre Civile fut un tournant significatif tant pour Colt que pour Remington. Eliphalet Remington commença sa fabrication d’armes en 1816 à New York. Les contrats du Gouvernement Fédéral permirent à la « Remington & Sons, Ilion, N.Y. » de développer et modifier le projet initial et ses armes devinrent des vétérans de la Guerre Civile, appréciées surtout pour leur fiabilité, pour la robustesse de leurs bâtis fermés, plus aptes à supporter les charges puissantes du calibre .44, et pour la précision de leur tir.
En février 1857 le brevet donnant l’exclusivité de la fabrication de revolver à Samuel Colt expira. En septembre 1858 , grâce au talent de son ingénieur F.Beals, Eliphalet Remington breveta et commença la production d’une arme novatrice le « Remington new model army ». Eliphalet décéda et ses fils reprirent l’entreprise. Les Remington Army, Navy et Belt-Revolvers, brevetés par l’inventeur F.Beals en 1858 évoluèrent en trois phases. Dans l’année 1863, Beals mit au point la principale modification technique du revolver, permettant de changer de barillet sans démonter l’arme, ce qui permettait de transporter sur soi plusieurs barillets chargés et amorcés. Le refouloir fut encore une fois modifié, des encoches intermédiaires entre les cheminées furent ajoutées et le guidon conique en laiton fut remplacé par un guidon en fer. 120 000 de ces revolvers assez volumineux furent acquis par l’US Army et l’US Navy durant la guerre de Sécession (États-Unis, 1861-1865) et 20 000 furent revendus à l’armée française durant la guerre de 1870. Le Remington fut aussi vendu sur le marché civil, il fut notamment visible dans les mains de Frank James et de Geronimo.
La nouvelle conception du revolver Rem. 1858
Le Remington 1858 dispose donc d’une carcasse fermée et d’un axe mobile qui permet de sortir le barillet et d’en remettre un autre pré-chargé. C’est de l’instantané! L’axe ne sert plus à assurer la cohésion de l’arme, comme c’est le cas pour les Colts, c’est la carcasse qui maintient l’ensemble des pièces. C’est une conception qui supprime la clavette, point sensible des Colts. La nouvelle conception de l’arme permet de réduire fortement l’épaisseur de l’axe, qui n’a plus comme fonction que d'assurer la rotation du barillet… Mais l’axe est prévu pour ne pas sortir en totalité, ce qui évite d’avoir à le replacer ensuite: on le fait glisser dans le conduit de la carcasse jusqu’à la limite prévue par une butée. Aucune vis n’assure le verrouillage de l’axe : c’est le levier de chargement qui, en étant rabattu, lui interdit de bouger, un ingénieux système qui le maintient en place et qui permet de le sortir avec une grande facilité. Le système mécanique a atteint la perfection. Le revolver est réputé pour sa robustesse et sa grande précision. Je le confirme pour en avoir deux exemplaires inox de chez Uberti. C’est elle qui fait les meilleurs tirs et pour moi, il n’y a que le 1860 qui puisse rivaliser. Les fabrications actuelles de Rem. 1858 possèdent aussi un guidon dérivable, innovation importante et certains modèles (Uberti) sont vendus avec target (hausse réglable et guidon), c’est dire que l’arme, bien que considérée comme une réplique, prend un air de modernité indéniable.
Sur la vidéo (en dessous) Michel Bottreau montre le démontage du 1858 : au cours de la démonstration, une amorce tirée se bloque dans l’arrière du barillet, incident assez rare, en principe, sur le 1858. Il évoque l’utilisation d’une pince en cas d’incident de ce type. Je précise que les incidents dus aux amorces bloquées en cours de tir ne m’arrivent pas, car mes barillets sont modifiés… même sur cette arme
Voici 2 Remingtons 1858 inox (modèle courant, et modèle sheriff, à canon court), généralement produits par Uberti et Pietta, fabricants qui sont en concurrence pour ce revolver et pour des armes convoitées, notamment à pas rapide ou progressifs. La finition inox nous fait oublier qu’il s’agit de copies d’armes sorties de la guerre de sécession. C’est une arme très prisée, avec une esthétique très design: elle reste très moderne en finition bronzée ou en inox. On pourrait dire qu’elle a le vent en poupe. L’inox, produit très en vogue s’adapte parfaitement bien avec le modèle 1858, mais aussi avec les armes à PN, car l’entretien des revolvers à PN est particulièrement exigent en raison du caractère corrosif des résidus de poudre, après combustion. L’inox ne risque pas l’oxydation (sauf pour les mécanismes internes). Le problème du tir à la poudre noire, c’est l’obligation pour le tireur de nettoyer ses armes dès la fin du tir, mais n’exagérons rien : en cas d’urgence, l’arme peut attendre dans un endroit sec une à deux heures, voire plus. L’idéal c’est de s’imposer le nettoyage le plus rapidement. Cependant, les revolvers, même débronzés, supportent très bien l’entretien, sauf dans les parties mécaniques plus délicates. Mes revolvers, en partie débronzés n’ont aucun signe d’oxydation et ont un charme que l’inox n’a pas. De surcroît l'inox vieillit mal, car il se raye, et pour lui donner du poli, c’est un énorme travail. Je ne suis favorable à l’inox que pour le ROA et le Rem. 1858 qui, par leur modernité, intègrent bien ce matériau moderne …
... et tant qu’à faire, un guidon à fibres optiques, pourquoi pas ?
Le changement de barillet, un nouveau mode de chargement sur le Remington 1858
Des Remingtons 1858, on en trouve à profusion sur internet, mais sur cette photo, on en voit un avec bronzage très original.
Quelques gestes rapides et le barillet est déposé On décroche le levier de chargement, on le baisse, l’axe glisse sous le canon et le barillet tombe: c’est très simple ! Le problème se pose au moment de remettre le barillet en place, car il faut le réinsérer dans la carcasse: un petit tour de main est nécessaire, car il faut tirer légèrement le chien en arrière pour débloquer l’arrêtoir sous le barillet qui étant sorti, frotte. C’est alors que le barillet peut prendre sa place et que l’axe peut être réintroduit dans le barillet sans coincer (il faut parfois tâtonner un peu). Mais pour moi, Colt ou Remington, il n’y a pas de différence radicale entre les temps de changement de barillet. Je l’affirme, ce qui me semble plus important, c'est que ce système n'engage aucun point faible, tandis que pour les Colts, la clavette et l'axe sont plus exposés.
Michel Bottreau présente une autre vidéo qui décrit le chargement d’un Remington 1858 sur le pas de tir, mais sans utiliser le changement de barillet, car ce qu’il montre, c’est la procédure “classique” de chargement (à l’ancienne…) utilisant le refouloir (ou levier de chargement) du revolver. L’utilisation de la poire à poudre est certes traditionnel, mais un peu « laborieuse » et source d’erreurs (elle est d’ailleurs interdite sur les pas de tir), mais certains poudreux l’utilisent avec beaucoup d’aisance!
Il existe des leviers de chargement Pietta indépendants de l’arme qui sont non seulement plus pratiques, mais qui permettent d’effectuer le chargement à domicile de plusieurs barillets, dans la tranquillité. On les emporte ensuite au stand de tir, sans s’encombrer d’une « poire » à poudre. On trouvera ces leviers chez tous les vendeurs d’accessoires pour revolvers à PN… Toutefois le levier Pietta ne s’adapte pas à tous les barillets : c’est alors la planchette de chargement qui intervient (fabrication perso). La liste des « armureries en ligne » est longue : un conseil ne vous adressez qu’à des armureries qui donnent l’adresse du magasin et qui sont joignables et par téléphone et par mail. C’est le meilleur critère. Faites un test avec de petits achats et vous jugerez. Si vous ne localisez pas l’armurerie, laissez tomber! Attention : Armenligne est en fermeture: le suivi des ventes et la communication sont « problématique » (je l'affirme pour avoir eu de grandes difficulté lors d'un achat en 2012 ).
D’autre part des cartouches-papier pré-chargées sont également recommandées sur un pas de tir, car des opérations de chargement trop longues retardent le tir des autres tireurs (dans un stand, il y a un rythme commun pour aller contrôler les cibles).
Pour mes Remington 1858, je dispose de 3 barillets, ce qui en général est le cas pour toutes les armes que j’utilise au stand de tir. Le chargement se fait à domicile, avec le levier de chargement présenté sur l’image. On contrôle beaucoup mieux le chargement « hors revolver », en évitant les erreurs (oublis, double dose, etc). Pour ceux de mes revolvers qui n’ont qu’un seul barillet, j’utilise des “cartouches-papier” préparées d’avance. Le papier combustible ou le papier à cigarettes enveloppe la poudre et la semoule; on peut aussi y incorpoer la balle. Cela constitue un gain de temps évident. De plus une cartouche papier est bien visible dans la chambre, ce qui évite également de mettre ensuite une balle sans avoir préalablement chargé la chambre avec la PN. Ces cartouches-papier nécessitent cependant l’utilisation du levier de chargement du revolver sur le pas de tir, ce qui est facile dès lors qu'on a des cartouches toutes prêtes: c'est d'ailleurs ce que faisaient les tireurs de l'époque qui avaient des cartouches déchirables ou qui les utilisaient même avec du papier divers traité, .
Une autre façon de charger l’arme sur le pas de tir consiste à emporter des petites dosettes (en plastique) contenant la poudre qu’on prépare chez soi et qu’on verse dans les chambres pendant le tir, de même pour la semoule, mais c’est une manipulation laborieuse qui est sans doute plus compliquée que le chargement avec une poire… et c’est cher .
La fabrication des cartouches-papier
La vidéo de Michel Bottreau donne des indications sur les cartouches-papier, faites avec un papier combustible (vendu par H&C). Elles ne laissent aucun résidu dans les chambres.
On voit également sur cette vidéo les différents types de balles (ronde, semi wadcutter et ogivales) et, fait inhabituel, Bottreau ne met pas de semoule. La chambre est-elle pleine (c’est à vérifier) ? La semoule a comme rôle de combler le vide entre la poudre et le projectile, car il ne faut absolument pas laisser la poudre flotter dans la chambre. Autre précaution, il faut que la balle arrive presque à ras de la bouche de la chambre (mais sans dépasser) avec un petit retrait, car en principe, on ajoute de la graisse pour obturer celle-ci et permettre à la balle de traverser le canon, sans emplomber celui-ci, sans coller aux sillons. Dans sa vidéo, Bottreau nous montre des cartouches faites à l’ancienne qui sont absolument parfaites, car elles comportent la charge de poudre et la balle, ainsi que la cire qui couvre celle-ci : il ne suffit alors plus qu’à mettre la cartouche papier dans la chambre et forcer la balle avec le levier du revolver pour qu’elle descende au fond de la chambre.
On voit également sur cette vidéo les différents types de balles (ronde, semi wadcutter et ogivales) et, fait inhabituel, Bottreau ne met pas de semoule. La chambre est-elle pleine (c’est à vérifier) ? La semoule a comme rôle de combler le vide entre la poudre et le projectile, car il ne faut absolument pas laisser la poudre flotter dans la chambre. Autre précaution, il faut que la balle arrive presque à ras de la bouche de la chambre (mais sans dépasser) avec un petit retrait, car en principe, on ajoute de la graisse pour obturer celle-ci et permettre à la balle de traverser le canon, sans emplomber celui-ci, sans coller aux sillons. Dans sa vidéo, Bottreau nous montre des cartouches faites à l’ancienne qui sont absolument parfaites, car elles comportent la charge de poudre et la balle, ainsi que la cire qui couvre celle-ci : il ne suffit alors plus qu’à mettre la cartouche papier dans la chambre et forcer la balle avec le levier du revolver pour qu’elle descende au fond de la chambre.
Je « roule » mes cartouches-papier avec un petit matériel improvisé (papier à cigarette et un stylo coupé qui sert de mandrin pour donner la forme légèrement évasée à la cartouche). Si on n’a pas le coup de main pour se « rouler un pétard” avec du papier à cigarette, le papier combustible est un produit intéressant qu’on trouve chez H&C et qui s’encolle (colle spéciale). Enfin, avec ce type de cartouche-papier comportant une ogive, Bottreau n’utilise pas la graisse souple, mais un mélange de cire d’abeille, de paraffine et de saindoux, dont il enduit la balle, ce qui est très important pour permettre à la balle en plomb de passer dans le canon sans coller à l’acier. On ne rajoute alors pas de cire à l’entrée de la chambre. Sur cette photo, on distingue par transparence la poudre et la semoule (fine de préférence)
Le sertissage de la balle dans la chambre ... et dans le canon
Pour les nouveaux poudreux, il est important de savoir qu’une balle doit être légèrement sertie dans la chambre (elle produit alors un copeau circulaire de la taille d’un cheveu) pour qu’au moment du départ de feu, les balles en attente dans le barillet ne se déplacent pas, ce qui pourrait provoquer un départ en chaîne, du genre « orgue de Staline » ! Si l’entrée de la chambre est biseautée, le plomb (qui est mou) est alors compressé et ne donne pas de copeau.
Il faut toujours nettoyer l’entrée des barillets, en évitant ainsi les restes de poudre qui propageraient la combustion dans toutes les chambres : c’est aussi le rôle de la graisse et de la semoule de protéger contre ce risque. La cartouche-papier est une cartouche propre.
Quel modèle de balle et quel diamètre ?
Pour les calibre 44 PN, il existe plusieurs diamètres de balles qui correspondent à des modèles différents d’armes. On utilisera le plus souvent des balles rondes pour les colts, de cal 451 ou 454, selon la taille des chambres et des canons. Le Remington 1858 tire en 454. Les ogives en 454 sont réservées à des armes qui disposent d’un canon à « pas » rapide, c’est le cas du 1858 dont le pas est de 1:16″. Le pas du canon indique la rotation imposée à la balle par les rainures. C’est un chapitre plus complexe qui concerne la mise en rotation de la balle et la balistique.
Un autre instrument du poudreux est le pied à coulisse (numérique) au 1/100 de mm, pour mesurer ses balles et ses chambres. Une balle doit toujours avoir un diamètre légèrement supérieur à celui de la chambre et du canon, car dans le canon, la balle est à nouveau sertie dans le cône d’entrée, sous l’effet de l’explosion. Attention, les revolvers Cap & Ball (non préparés) ont parfois des chambres plus étroites que le canon, ceci pour éviter que des charges soient trop fortes (dues à des utilisateurs inconscients) ne tentent de faire entrer en force dans le canon des balles trop larges qui le feraient exploser. Pour ma part, je fais un réalésage des chambres des Walkers à 11,40mm, afin que les balles ne flottent pas dans le canon.
La balle doit ensuite se mouler, toujours sous la pression, dans les sillons (rainures) du canon ce qui la fait tourner plus ou moins vite selon le « pas » et qui va être important pour la balistique. On vérifie donc que la balle choisie n’entre pas dans la chambre sans une pression nécessaire (du levier de chargement), mais sans la déformer: elle doit rester sphérique et un fin copeau circulaire doit se former. Si la chambre est d’un diamètre inférieur au diamètre interne du canon, un réalésage est souhaitable pour éviter que la balle ne flotte dans le canon et donne des tirs dispersés (ce qu’on appelle des « flys »). L’élargissement de la chambre est une opération délicate que l’on peut faire à la main, avec un alésoir cylindrique, mais l’outil doit être adapté, car les alésoirs cylindriques sont prévus pour des mandrins et la prise en main n’est pas facile (je les crante et ensuite je les enveloppe de pâte Fimo, qui passe au four). La mesure du diamètre intérieur du canon est un peu plus compliquée (il existe un modèle de palmer trimétrique adapté), mais avec le pied à coulisse numérique, en procédant à plusieurs mesures, on parvient à faire une moyenne des chambres. Pour le canon, du fait des rayures, on peut faire une empreinte de celui-ci avec de la paraffine ou du soufre coulé (vendu en pharmacie), opération qui demande un peu d’habilité. Là encore on prend le diamètre maximal (qui correspond à celui en fond de rainure) et le diamètre minimal : c’est le maximal qui est le plus important, car il correspond au diamètre de la balle quand elle est en expansion dans le canon sous l’effet de la poussée.
Pour un débutant, les balles rondes sont plus précises et ne posent pas de problème: seule la charge en poudre doit être examinée. Elle est généralement de l’ordre de 1 gramme (ou 15 grains selon le système anglais). On peut augmenter cette charge sur des cal.44, mais sans faire d’excès. La précision exige de faire des essais entre 0,9g et 1,5g environ. Ceci fera l’objet d’un chapitre particulier. Pour doser la semoule on utilise généralement un outil facile à fabriquer avec une douille de « 38 spécial » ou de « 9mm para » qu’il est facile de trouver dans un stand de tir et qu’on raccourcit à volonté. Cette douille est ensuite soudée à l’étain sur un petit tube de cuivre qu’on trouvera au rayon plomberie, de diamètre 6mm. Pour ce qui est de la poudre, je recommande d’utiliser une poire à poudre pour le chargement courant à domicile (il en existe différents modèles en armurerie), car elle comporte des cônes de dosage en laiton, dont la contenance est progressive. Vissés sur la poire, on les change à volonté : c’est le cône qui permet une mesure rapide et constante de la quantité de poudre choisie. Pour la compétition, les doses peuvent être affinées : cela exige une balance numérique et des douilles qu’on raccourcit, selon la quantité de poudre nécessaire, comme pour la semoule. C’est la partie bricolage…
Comparaison entre un Colt navy 1851 et un remington 1858
Contrairement à l’avis de Michel Bottreau, les colts peuvent parfaitement être utilisés avec plusieurs barillets. Pourquoi cela ne se faisait pas à l’époque? Etait-ce parce que les barillets n’étaient pas vendus séparément? Pour comparer le Colt Navy 1851 et le Remington 1858, deux modèles renommés, regardons maintenant cette vidéo (en anglais) qui souligne que le point faible du 1851 réside principalement dans le risque de voir une amorce bloquer l’arme. C’est effectivement le cas pour tous les colts : on retrouve fréquemment des amorces écrasées dans les mécanismes, ce qui provoque et des blocages et des détériorations des pièces (came).
L’espace dégagé par le chien armé sert de sortie pour l’amorce qui, trouvant ce passage, tombe à l’intérieur du mécanisme ! C’est assez courant. L’incident se produit lorsque l’on réarme le chien après avoir tiré une balle. L’amorce bloquée ou collée au chien après l’explosion peut également entraver la rotation du barillet. Pour éviter cela, il faut enlever les alvéoles qui enferment les cheminées et l’espace permet alors aux amorces de mieux s’évacuer.
Le Remington 1858 “Pedersoli” (et non Pietta): une arme de luxe en acier bronzé
Voici deux modèles de Remington 1858, le premier fabriqué par Pedersoli, le second, dont je ne connais pas le fabricant, étant équipé d’une visée target (hausse réglable et guidon) qui l’exclut en compétition, ce qui pour moi n'est pas essentiel... Pratiquer "le tir" ne signifie pas faire de la compétition. Le tir signifie travail personnel, recherche, expérimentation, adaptation, entraînement, pour obtenir de son arme le meilleur résultat, chaque arme ayant d'ailleurs un potentiel qui lui est propre. Equiper une arme d'un guidon ou d'une hausse, c'est développer son potentiel, ce n'est pas la "dénaturer", lui faire offense. Je suis certain qu'à l'époque tout était permis: il paraît d'ailleurs que certains tireurs équipaient leurs armes de dioptres et autres systèmes quand ils le pouvaient.
Passons à l’anglais…. la vidéo ci-dessous présente une arme superbe, de haute qualité en PN. C’est la Rolls ! Du haut de gamme, qualité de l’acier, finition de luxe, guidon dérivable, précision des rapports entre canon/chambres, ajustage et finition des pièces, ergonomie, tout y est. C’est superbe.
Le tir rapide avec un Remington 1858, un revolver adapté au CAS
La vidéo qui suit montre de façon évidente comment, avec le « 1858 », on peut changer le barillet en cours de tir et procéder à un tir rapide: c’est convainquant, mais je ne saurais conseiller au débutant de laisser tomber les barillets vides au sol, comme le fait ce tireur, au risque de déformer les chambres !
Le Rem. 1858 est prévu pour un tireur qui dispose de plusieurs barillets et s'il en a les moyens d’une ceinture adaptée, avec holster et étuis, mais sur un stand de tir, il n'est pas permis de tirer de cette façon: le tireur doit transporter son arme dans une mallette... Il reste le CAS (cowboy action shooting) qui se déroule dans des conditions différentes que montre cette vidéo à l'américaine: un vrai bonheur ! Toute la famille "flingue", c'est une conception de la liberté qu'il nous est même interdit d'imaginer : nos loisirs sont "encadrés" ! C'est cette France minable, où l'Etat tient les citoyens sous un régime liberticide qui en fait des singes en cage.
Possibilité de « convertir » le cap & ball revolver en un cartridge revolver?
Les revolvers à poudre noire ont tous été adaptés à l'utilisation de cartouches à douilles métalliques, mais toujours avec de la poudre noire et surtout pas de la poudre sans fumée qui aurait mis le tireur en danger. L'arrivée des revolvers (SAA et autres) incitait à l'utilisation de cartouches métalliques. Les fabricants ont prévu : il suffisait de changer de barillet. Le 1858 était alors parfaitement adapté : il permettait remplacer le barillet "cap & balls" par un barillet de "conversion" (en 2 parties). Le chien (prévu pour frapper des cheminées excentrées) venait alors percuter des balles dans leur centre. Cet ensemble comportait une sorte de couvercle avec des percuteurs qui venaient coiffer l'arrière du barillet, D'autres systèmes ont été inventés qui sont plus intéressants: ils permettaient d'introduire les cartouches en cours de tir sans sortir le barillet, en levant un volet de chargement (loading gate): ils sont toujours fabriqués (Kirst Konverter), La plupart des revolvers à poudre noire disposent de systèmes de conversion qui sont difficiles à trouver en France, car leur achat nécessite une autorisation. Je ne m’étends pas sur le sujet, tout en rappelant que si les répliques PN d’armes antérieures à 1870 sont en 8ème catégorie, le fait de changer le barillet pour une « conversion » entraîne le changement de catégorie : on passe en 4ème et même en 1ère ! Cependant à l'époque ces conversions ont été très utilisées. En France il est préférable de demander une autorisation de 4ème, et d'acheter un revolver type 32 SP...
Voici des exemples :
2/ Le Rogers & Spencer cal.44
Le Rogers & Spencer Army était en fait l’amélioration d’un autre revolver de la firme, le Pettingill & Freeman. Produits vers la fin des années 1850, début 1860, ceux-ci étaient des revolvers double-action. Les Pettingils étaient en avance sur leur temps et n’avaient pas de chien. Ces armes étaient populaires, mais trop « avant-garde » pour l’Armée. Le modèle Navy était en cal .34, moins de 1 000 furent produits. Le modèle Army était un cal.44 et environ 3 400 furent produits au début des années 1860.
Le Freeman Army était un revolver avec une carcasse très solide, en .44, canon rond de 7 pouces ½, on pense que 2 000 ont été produits en 1863-64. Il avait déjà la ligne du R&S.
Le Rogers & Spencer cal.44, un revolver à carcasse fermée avec un axe totalement mobile
Le revolver à percussion Rogers & Spencer fut initialement produit à Willowvale (New-York) aux environs de 1863-1865. En Janvier 1865, le gouvernement des Etats-Unis passa un contrat avec la firme Rogers & Spencer pour l’achat de 5 000 de ses revolvers solides. Mais la livraison arriva trop tard et l’arme ne trouva pas ou très peu d’usage militaire durant le Guerre de Sécession, le lot fut vendu à Bannerman & Fils en 1901 à 50$ pièces, qui les vendit ensuite jusqu’aux alentours de 1925. C’est pourquoi la plupart des Rogers & Spencer originaux sont aujourd’hui dans de si bonnes conditions. Voici un modèle d’origine :
Le Rogers & Spencer est donc un Freeman amélioré, mais en simple action, avec un chien qui doit être armé pour pouvoir faire feu, avec une poignée plus accessible, une plus grosse carcasse, et un bon et solide canon de 7 pouces ½. C’est un .44, il pèse 1Kg300, sa longueur totale est de 14 pouces ¼. Il dispose de 5 rayures dans le canon. Les marquages sont sur la carcasse au-dessus du barillet: ROGERS & SPENCER en haut, UTICA N.Y en bas. Il ne possède pas de finition jaspée sauf le chien et le levier à l’origine, les plaquettes sont en noyer.
Le Rogers & Spencer sortait au même moment que le Remington 1858. Comme le Remington 1858, la carcasse du R&S est fermée et l’axe du barillet est mobile. L’innovation par rapport aux armes antérieures, tient à la possibilité d’extraire l’axe pour sortir le barillet latéralement, mais à la différence du Remington 1858, l’axe du R&S doit être entièrement déposé, sinon il risque de tomber au cours des manipulations. Pour le sortir, il faut faire faire une rotation à une vis-clavette qui, selon son orientation, permet ou non à l’axe de sortir, ce qui, sur un pas de tir, est loin d’être pratique; il faut ensuite réintroduire l’axe dans le conduit de la carcasse, petit détail qui donne un avantage certain au Remington, nettement plus achevé.
C’est cette vis-clavette (en 9 sur le plan) qu’on retrouve également sur le Ruger Old Army, qui donne à cette arme un caractère un peu rustique, mais qu’on peut améliorer, compte tenu des qualités de l’arme sur d’autres plans. En effet le chargement du barillet est en principe « classique ». Le R&S est prévu pour être chargé avec des cartouches papiers (ou avec la poire, des dosettes) et en utilisant le levier de l’arme. Il n’est pas prévu pour un changement de barillet en cours de tir. On peut cependant, comme sur le 1858, changer le barillet facilement si on améliore un peu la technologie, en remplaçant la vis de blocage de l’axe par une molette, qui ne nécessite aucun tournevis. Du coup, il est aussi presque aussi aisé de démonter le barillet sur le R&S que sur le 1858. Le concepteur du revolver n’avait cependant pas prévu cette forme d’utilisation que je pratique couramment. Voici mon R&S Euroarms (canon Lothar) avec les différentes modifications pratiquées : je ne le charge jamais sur le pas de tir, j’utilise comme pour le Remington 1858 3 barillets pré-chargés.
Autre modification qui annonce le Starr, les alvéoles de cheminées sont nettement béantes, d’une forme tout à fait novatrice, signe que le fabricant cherchait à éviter les amorces bloquées. Pas d’incidents de tir, pas de blocage par encrassement : des atouts en faveur de cette arme !
Cette arme a d’autres avantages : la crosse est large et permet une très bonne saisie. Le R&S a néanmoins deux défauts: l’axe du barillet est fragile (j’en ai plié un). Le cran de mire n’est pas idéal pour le tir de précision et le guidon est fixe. Il est toutefois possible de faire poser un guidon dérivable.Comme pour le 1858, des modèles « target » avec des organes de visée plus performants étaient fabriqués par Euroarms, qu’on ne trouve pas sur les modèles de luxe…, modification qui excluait l'arme des concours.
Euroarms produisait encore récemment des répliques courantes du Rogers & Spencer et des modèles « match » (canon Lothar) plus précis, à prix très abordable. Avec la fermeture de cette entreprise, le coût de ce revolver est devenu hors de prix. Aujourd’hui c’est Feinwerkbau, fabricant allemand, qui a racheté l’entreprise et les machines. Il produisait déjà cette arme dans une gamme de haute qualité et à un prix élevé, faisant concurrence à Pedersoli qui la produit à un tarif un peu moins cher, mais toujours dans la catégorie haute gamme… Ce qui fait que le R&S est désormais devenu une arme de luxe, dont le prix ne justifie pas les qualité.
Voici le modèle Pedersoli, une arme très stylée, vendu aux environ de 1000€, avec un support pour chargement « à l’ancienne. La précision de cette arme dépend de la qualité du canon, des normes de qualité dans la fabrication. L’arme très sobre, et néanmoins très élégante, en raison du traitement antireflet de l’acier, mais le levier de chargement est un peu « rétro », comparativement au 1860, qui lui a été modernisé, avec des lignes galbées.
La version « History N°2″ de Feinwerkbau », qui tourne autour de 1400€, est faite à partir de blocs d’acier usinés dans la masse, arme considérée comme le « top du top » en matière de revolver et de « réplique ». Mais un revolver Euroarms disposant d’un canon Lothar, un peu préparé, dont la fabrication était bon marché, reste néanmoins considéré comme une arme de précision.
3/ Quelques modèles d’armes à poudre noire qui ne donnent pas lieu à des répliques
L' Allen Wheellock
et l'Adams Dragoon (probablement anglais, sorti en 1851, cal . 50)
4/ Le « LeMat », 1861, un revolver à 2 canons
Ce revolver simple action de 3,1kg, le plus lourd des revolvers, a été inventé par un fabricant américano-français (LeMat). C’est un revolver exceptionnel à « deux calibres » : il a 9 chambres, ce qui est rare (cal.42, mais les reproductions sont en cal.44) et un « canon » central qui devrait abattre un bœuf! Il était très apprécié pendant la guerre de sécession, notamment par les officiers. Il comporte (comme beaucoup d’autres armes à poudre noire) plusieurs modèles avec des différences sensibles (il est reproduit aujourd’hui par Pietta, une excellente reproduction). Cette version produite en 1861 est très élégante. Une très belle arme à l’ancienne. D’autres modèles du Lemat existent, plus » rustiques ». Sur certains modèles la crosse peut-être très inclinée, sur d’autres, elle est au contraire très verticale, ce qui ne rend pas l’arme très harmonieuse. Ici la courbure de la crosse est très élégante.
5/ Le « Starr 1858 », un revolver double action en poudre noire, une conception d’avant garde
Un revolver peut tirer de deux façons : en simple ou en double action.
- Dans le cas d’un revolver simple action la détente n’effectue qu’une seule (simple) action, le chien doit donc être armé manuellement avant d’appuyer sur la détente, qui peut alors lâcher le coup. Tous les Colts notamment sont en SA, ainsi que le Remington 1858. Les revolvers en simple action étaient d’un usage facile, avec des réparations à la portée du soldat: le passage aux revolvers à double action était donc un changement de culture en quelque sorte.
- Dans le cas d’un revolver double action, comme le 1er STARR, le fait d’appuyer sur la détente effectue d’abord automatiquement l’armement du chien (1ère action), puis ensuite le lâcher du chien (2ème action) : c’est la 1ère détente qui effectue les 2 opérations si tire la détente à fond.
La plupart des revolvers double action peuvent aussi tirer en simple action. La complexité du STARR DA tient à l’utilisation des deux systèmes, mais on utilise alors les 2 détentes. C’est toujours la 1ère détente qui assure l’armement, mais le fait d’une pression modérée permet d’arrêter le chien à l’armé. Il fonctionne alors en simple action: la 1ère qui arme, la seconde qui lâche le chien. Cette seconde détente ne sert qu’en simple action (le terme n’est pas exact, puisque l’armé n’est pas manuel). En aucun cas un armement manuel n’est possible, sous peine de casser le mécanisme.
Historique du Starr DA
L’histoire de d’Ebenezer Starr, l’inventeur de cette arme et sa volonté de la faire accepter par l’armée américaine est une Odyssée. Un homme remarquable par son engagement et sa détermination, mais il est probable que cette arme n’était pas vraiment adaptée à l’Armée de masse et que l’achat de l’arme par l’armée tenait beaucoup à l’appui dont Starr avait bénéficié par ses relations, la famille Starr étant bien implantée auprès des autorités militaires. Ebenezer Starr naquit en 1816 dans une famille spécialisée dans le commerce et la fabrication des armes blanches et des armes à feu. Après une scolarité normale et 4 ans dans la marine au cours desquels il voyagea, Ebezener se consacra à l’armurerie avec une seule idée en tête, la fabrication d’un revolver à double action pour l’armée.
En janvier 1856, il conçut et fabriqua une poivrière à double action et obtint un brevet qui protégeait son invention. Le brevet portait notamment sur une détente réglable, qui à l’époque parut fort compliquée par son système. Il allait essayer de transférer cette réussite sur un projet de révolver à double action. C’est en 1858 que Starr qu’il créa son prototype à double action, en cal .36. Il fut envoyé à la marine pour être testé. Mais dès les premiers essais, l’arme, par un caprice du destin, ne fonctionna pas correctement, ce qui n’arrivait presque jamais. Starr qui avait des appuis, bénéficia alors d’une seconde chance: l’arme devait être corrigée avant d’être présentée à nouveau aux autorités militaires.
Cet échec stimula Starr. Chaque pièce de l’arme fut revue et corrigée. Après des mois d’efforts, le revolver Starr double-action fonctionnait sans le moindre problème et les tirs étaient d’une grande rapidité. La supériorité du STARR sur Colt et Remington était alors considérable. Dès lors, l’ancien système à simple action faisait figure d’antiquité, mais les autorités militaires étaient méfiantes, et surtout pragmatiques, face aux nouvelles inventions, car l’histoire est faite de projets brillants, mais qui sur le terrain donnent des résultats imprévus (confère le Walker 1847) .
La Navy décida donc de faire subir des essais « intensifs » à ce revolver Starr double action en calibre 36 et commanda 500 revolvers, à 20$ l’unité. Pour satisfaire cette commande, Starr devait trouver des financements et il allait céder son brevet à des financiers, qui en retour s’engageaient à lui verser « à vie », un montant sur chaque arme vendue. C’est ainsi que fut créé la « Starr Arms Company » à New York. Starr allait occuper les fonctions de directeur technique dans l’usine. Des brevets furent déposés pour protéger les systèmes propres à l’arme. Un inspecteur déplora qu’aucun test de sécurité n’ait été fait, alors que des armes étaient déjà mises en vente. Par contre Starr entreprenait déjà de fabriquer le Starr DA en cal.44 pour répondre au marché militaire, modèle qui fonctionnait très bien et qui attirait l’intérêt des officiers. Des négociations eurent lieu avec l’Armée qui commanda 20 000 revolvers cal.44, ramenés ensuite à 15000 en raison des difficultés de l’usine à satisfaire une telle commande : problèmes de machines, de personnel, etc. Les tests étaient bons. D’après ce qu’il reste des archives de l’armée américaine en cette période de troubles de la guerre de sécession, ce sont 23.000 Starr .44 DA qui furent fabriqués de décembre 1861 à mai 1863, dont 21.000 pour le gouvernement.
MAIS, … sur le terrain, les militaires étaient réticents : des enquêtes furent menées, notamment dans les unités de cavalerie, la réponse fut unanime : cette arme leur paraissait beaucoup trop fragile, trop sophistiquée. Cette opinion, s’était d’ailleurs répandue dans toute l’armée. et dura tout au long de la guerre. La Starr Arms Company fut mise en liquidation judiciaire en 1867 et l’usine fut vendue. A la fin du conflit, beaucoup de ces armes cal .36 et cal .44 furent entreposées dans des magasins militaires. Le gouvernement les revendit ensuite de 1865 à 1901. Ebenezer n’en continua pas moins à travailler sur d’autres armes..
Voici un exemplaire superbe du STARR de l’époque, en simple action, vendu aujourd’hui à 4000$ aux USA! Ce revolver cal.44, fabriqué en SA ou en DA, est original par le système de carcasse basculante, comme cela se fera pour les Smith et Wesson dans les années 1870. Il faisait concurrence au Remington New Army 1858. Le modèle qui suit est en DA, fabriqué par Pietta.
L’originalité du fonctionnement du Starr DA: Fragilité du mécanisme ou la complexité des opérations ?
L’ouverture de la carcasse : on défait la vis de blocage et d’un petit coup sec de la main sur le canon, celui-ci bascule et la carcasse s’ouvre. Mais attention, car pour dégager le barillet, il faut légèrement presser sur la détente et renter l’arrêtoir. Le risque, c’est que le barillet se décroche et tombe au sol, étant simplement bloqué par un ergot conique à l’avant et par sa partie arrière encastrée dans la carcasse, donc une manipulation demande de l’attention. Sur cette photo on voit très bien cet ergot conique qui fait corps avec le barillet.
Le système double action présente un inconvénient majeur : on ne peut pas tirer le chien à la main puis le ramener de cette façon, sous peine de détériorer les mécanismes! Seule la détente est en mesure de faire reculer le chien. On comprend que l’armée ait refusé cette arme sur un champ de bataille ! L’ouverture de la carcasse pour sortir le barillet impose donc de procéder avec doigté : toute action sur la première détente ne peut être annulée que par une pression sur la seconde! Autrement dit, pour rentrer l’arrêtoir et pouvoir sortir le barillet, il faut d’abord appuyer sur la première détente et une fois barillet dégagé, on ne peut ramener le chien au repos qu’en appuyant sur la seconde détente, sinon ça bloque et ça casse. Fort heureusement on contrôle visuellement l’opération en s’assurant que le jour entre le chien et la carcasse a disparu. C’est un contrôle visuel qu’il faut faire fréquemment avec ce revolver : ce jour est bien visible sur la photo du Starr, ainsi que la double détente. C’est une arme qu’il faut apprendre à manipuler sans chargement.
Lors d’essais en tir rapide, l’arme se comporte comme une arme moderne avec malgré tout un recul plus doux. Le poids de la détente n’est pas excessif pour un revolver de guerre. L’arme fonctionne bien, sous réserve que le tireur se mette en tête certaines différences de fonctionnement, sinon il risque de casser le mécanisme. Voir le descriptif du fonctionnement de la réplique du fabricant Pietta sur le site de l’armurier Tecmagex :
Pendant le tir en DA, le STARR ne dispose plus d’organe de visée, puisque le cran de mire se trouve sur le chien, qui est lui-même en mouvement rapide : ce qui impose un tir au jugé (tir rapide) adapté au CAS (Cowboy Action Shooting)!
Par contre la visée est possible en simple action :
- 1/ la pression du doigt sur la 1ère détente doit être très contrôlée : on arme le chien jusqu’au bout de la course (sans passer l’armé ; ça se sent au doigt, mais parfois on le dépasse et le coup part) ; le chien va alors rester à l’arrêt,
- 2/ ensuite on déplace le doigt sur la seconde détente et c’est seulement là qu’on vise… puis on presse sur celle-ci et le coup part. Ça se fait sur des pistolets mono coup. Le principal défaut du STARR est un problème de visée : mettre le chien en armé est délicat, car on passe facilement la limite qui provoque la mise à feu et le changement de doigt n’est pas évident.
Le Starr SA (simple action), fonctionne comme un Colt, ou un Remington 1858, avec une seule détente. Le modèle dispose d’un canon plus long et satisfait le tireur pour ce qui est du fonctionnement et de l’arme en général, du fait de la facilité à démonter le barillet et de l’ergonomie de sa conception, notamment de la poignée. Il a été fabriqué en remplacement du modèle DA, considéré comme trop compliqué et cette version a alors été mieux vendue du fait de son système d’ouverture de la carcasse, du changement de barillet et sans les inconvénients d’une mécanique fragile. Le Starr SA avait des atouts. Ce serait sans doute le système le plus simple pour faire un changement de barillet, cependant le boulon de fermeture de la carcasse est un point délicat : dévisser prend du temps et le boulon risque d’être perdu lors des ouvertures de la carcasse. Une innovation aurait été utile concernant la fermeture de la carcasse. Pietta produit également ce revolver qui n’a pas les qualités du Rem. 1858 ou du Colt 1860 pour la précision.
Un revolver qui prend le risque de dégager les amorces ?
Il est « rarement » évoqué, pour ne pas dire jamais, du moins à ma connaissance, une autre innovation du Starr 1858 et les conséquences qu’on peut tirer de cette modification (découverte dont j’ai la propriété intellectuelle, comme on dit) : le barillet du Starr n’a pas d’alvéoles autour des amorces: pourquoi ?? Ce constat m’a intrigué: et si c’était la solution pour éviter que des morceaux d’amorces ne restent bloqués entre le barillet et la carcasse ? Je pourrais citer bien des forums où des tireurs se plaignent les amorces bloquées au cours des tirs.
La photo qui présente mon Starr et ses 3 barillets alignés, on voit bien les amorces totalement dégagées… Une légende au sein du monde des poudreux veut que ces alvéoles protègent des départs en chaîne, et que les amorces propagent la mise à feu de toutes les chambres. D’autres explications ont été avancées, dont la plus crédible est celle d’un armurier qui considère que les alvéoles étaient destinées à recevoir de la graisse pour empêcher les chambres de prendre l’eau. C’est de bon sens.
Si le Starr peut fonctionner sans ces alvéoles et sans risque pour la sécurité, il convient d’utiliser cette innovation sur d’autres armes dans le but d’en finir avec les problèmes d’amorces : d’une part en raison de la difficulté de mettre celles-ci en place (pour ceux qui ont de gros doigts) et d’autre part en raison de ces fameux problèmes de blocages d’amorces en cours de tir. J’ai donc eu l’idée de faire de même sur la plupart de mes revolvers…! Cette innovation s’est faite au grand dam de quelques amis poudreux ! Du coup les aiguillons de sécurité (qui permettaient de bloquer le chien entre deux cheminées) disparaissent, mais on peut s’en passer (par exemple en laissant une chambre vide, selon l’usage) …
Cependant, chose importante, les barillets doivent conserver un appui sur l’arrière: on laisse donc une légère couronne (disons 2 à 3 mm) qui ceinture la rosette (partie saillante et crantée où le doigt élévateur vient prendre appui pour faire tourner le barillet). Voici une photo qui confirme cette modification sur plusieurs de mes barillets et je constate que les incidents de tir ont disparu depuis cette modification. C’est un gain de sécurité sur le pas de tir. J’attends de voir si à long terme le résultat est aussi bon que je le constate actuellement. De gauche à droite vous avez 2 barillets de R&S, puis un barillet de Walker, un barillet de Starr et enfin un barillet de Colt 1851… Ayant pressenti cette méthode, avant d’acheter un STARR, je qualifie cette opération chirurgicale de « star-raubenisation » de l’arme ! Je suis certain que des poudreux me suivront.
Précautions à prendre concernant l’utilisation des revolvers à poudre noire
Il faut évoquer aussi le risque de l’usage mal informé de la PN ou de la tentation de certains tireurs amateurs de remplacer la PN par de la poudre moderne sans fumée (PSF), tentation qui donne lieu à des accidents de ce genre ! Il existe des poudres de substitut qui sont adaptées aux armes à PN et qui encrassent un peu moins, mais elles sont difficiles à trouver, n’étant pas importées en France. Les aciers des revolvers Cap & balls, bien que de bonne qualité, ne sont pas adaptés à la PSF. Mais rassurez-vous, ce genre d’incident ne survient qu’avec des chargements aberrants, (poudre moderne sans fumée), ou lorsqu’ils surdosent les armes en poudre, ce qui fait éclater le barillet, car la PN est un explosif.
tres bon article d un amoureux de la poudre noir chapeaux kikou2b
RépondreSupprimersuper cet article, je pense vous avoir vu à Vendôme il y a un mois, est ce bien vous ?
RépondreSupprimerUn passionné dévoré par sa .... PASSION !!! Comme je le comprend .
RépondreSupprimerMerci
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